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Sous le coup de droits de douane américains, la Suisse cherche un rapprochement avec l'UE
information fournie par Reuters 10/04/2025 à 15:04

par Dave Graham

La décision du président américain Donald Trump d'imposer à la Suisse des droits de douane réciproques de 31%, plus élevés que ceux décidés à l'encontre de l'Union européenne (UE), a porté un coup à l'économie de ce pays tourné vers l'exportation, l'incitant à renforcer ses relations avec Bruxelles dans un contexte de craintes de guerre commerciale.

Si la pause de 90 jours annoncée mercredi par le président américain Donald Trump sur les droits de douane contre des dizaines de pays, à l'exception notable de la Chine, a apporté un certain soulagement, cette soudaine volte-face de Washington soutien l'argument des partisans d'un rapprochement avec les Vingt-Sept.

Le pays helvétique a déjà fait un premier pas vers des relations économiques plus étroites avec l'UE, son plus grand marché, avec la conclusion d'un accord politique en décembre.

Même si l'accord a encore un long chemin à parcourir avant d'être validé, la présidente de la Confédération et ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, l'a mentionné dans une interview accordée mercredi au quotidien Neue Zuercher Zeitung.

"Nous voulons stabiliser et approfondir les relations avec l'UE", a-t-elle défendu.

La Suisse, pays neutre, jouit d'une économie stable et ouverte, plus riche que celle de la quasi-totalité des États membres de l'UE, un atout qui a alimenté à la fois la fierté nationale et la résistance à l'entrée dans le giron de Bruxelles.

L'accord avec l'UE est en effet confronté à un processus de ratification difficile en Suisse, car les opposants y voient un affront à la souveraineté du pays et considèrent l'UE comme un fardeau bureaucratique.

Mais après l'imposition des droits de douane par Donald Trump, Karin Keller-Sutter a déclaré avoir convenu de rester en contact étroit avec la présidente de Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur la manière de procéder dans la tempête commerciale.

Donald Trump a imposé des droits de douane "réciproques" de 20% à l'UE, inférieurs à ceux décidés contre la Suisse, même si le bloc, tout comme son voisin, n'est désormais soumis qu'à une surtaxe de 10% en raison de la pause dans les prélèvements dits annoncée par le président américain.

"ÊTRE BONS AVEC L'UE"

Vendredi, Karin Keller-Sutter deviendra la première ministre suisse des Finances à participer à une réunion informelle de ses homologues européens à Varsovie, une invitation antérieure à la réélection de Donald Trump mais qui montre que la Suisse chercher à renforcer ses liens avec Bruxelles.

Malgré les défis entourant l'accord avec l'UE, qui devrait finalement passer le test exigeant du référendum, Franziska Roth, députée du Parti socialiste suisse (PS), souligne que tous les partis ont soutenu le mois dernier une résolution parlementaire appelant le gouvernement à explorer les possibilités d'une plus grande coopération entre la Suisse et l'UE dans le domaine de la sécurité.

L'Union démocratique du centre (UDC), le plus grand parti du pays, dont le patron Christoph Blocher a qualifié les droits de douane américains d'"absurdes", reste toutefois fermement opposée à des liens plus étroits avec l'UE.

Du côté du patronat, Jean-Philippe Kohl, directeur adjoint de l'association Swissmem, a déclaré que le choc commercial rendait encore plus urgent pour la Suisse d'approuver l'accord et de cimenter les bases futures des liens avec le bloc.

"Peut-être que quelques pour cent supplémentaires de personnes comprendront que nous devons au moins être bons avec l'UE et que nous ne pouvons pas créer des problèmes supplémentaires avec la Chine si les Etats-Unis s'effondrent", a-t-il déclaré.

Toutefois, à l'heure où certaines économies européennes, comme celle de l'Allemagne, sont en difficulté, la Suisse devra étendre sa présence commerciale en dehors du continent, a-t-il averti, citant notamment l'Inde et l'Asie du Sud-Est.

(Reportage Dave Graham ; version française Diana Mandia)

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